Les maladies infectieuses des onglons ont d'importantes conséquences sur le bien-être et la productivité des vaches laitières. La compréhension de ces pathologies et la hiérarchisation des moyens de les limiter passent avant tout par l'observation du comportement des ruminants. « Quand on regarde les animaux à l'étable, on s'aperçoit qu'ils passent environ 50% de leur temps couchés, expose le Prof. Dr. Barbara Benz, spécialiste de la question et enseignant-chercheur à l'université agronomique de Nürtingen-Geislingen. Cela signifie qu'un éleveur confronté à des problèmes de santé des onglons doit se focaliser en priorité sur la qualité du couchage. »
Les conditions d'environnement propices à l'apparition et au développement des maladies infectieuses de l'onglon et de la sole sont bien connues, identiques d'ailleurs à celles des mammites d'environnement : « l'humidité, la dureté du sol, la présence de déjections et la pression bactérienne », résume la scientifique, avant de donner quelques critères d'appréciation de la qualité du couchage. « En s'agenouillant simplement sur le sol, on peut évaluer à la fois la souplesse, la propreté et l’humidité de la surface. En se laissant tomber, on vérifie la capacité d'amortissement du sol. » Ce test donne les pistes d'amélioration éventuelles à mettre en œuvre : augmentation de la fréquence du paillage, mise en place d'une légère pente pour évacuer les fluides ou investissement dans des matelas caoutchouc pour les logettes, par exemple.
Au delà des qualités intrinsèques du sol, c'est aussi toute l'ergonomie de l'installation, du point de vue des vaches, qu'il faut prendre en compte. « Tout ce qui gêne l'animal dans l'expression de son comportement "naturel" quand il se couche, quand il est couché ou quand il se relève va avoir un impact négatif sur le temps de couchage, et cela aura des répercussions sur la santé des aplombs (altération de la qualité de la corne, problèmes de boiteries...) » La possibilité ou pas d'étendre un des membres antérieurs, la gêne éventuelle occasionnée par la barre au garrot, la possibilité de prendre appui sur les séparations latérales... autant de paramètres étudiés à la loupe dans l'étable pédagogique de l'Université de Nürtingen-Geislingen, qui utilise à cet effet des silhouettes articulées, aptes à reproduire les mouvements des vaches. « Nous disposons ici de tous les modèles de logettes et tubulaires qui existent sur le marché : cela nous permet d'établir des comparaisons, de vérifier l'adéquation des dimensions avec les mensurations des vaches et de rechercher les meilleures combinaisons », explique Barbara Benz.
Seconde zone à cibler : le cornadis. « Les vaches passent 60 à 70% de leur temps debout au cornadis pour s'alimenter, poursuit Barbara Benz. Or il est délicat de nettoyer cet endroit sans perturber les animaux. Le plus souvent les éleveurs essayent de trouver un compromis en jouant sur la fréquence et les horaires de raclage, ce qui n'est pas toujours idéal du point de vue de la santé des pieds. »
Une solution à la fois pratique et simple à mettre en place consiste à surélever l'aire d'alimentation par rapport au couloir raclé. « Cela permet d'une part de ne plus déranger les vaches à l'auge lors du passage du racleur, et d'autre part de leur donner accès à une surface saine (sèche, souple, exempte de déjections) pendant qu'elles s'alimentent. » En outre, la surface à racler est réduite, ce qui permet d'augmenter l'efficacité de cette opération.
Pour que cela fonctionne bien, il faut tenir compte des dimensions des animaux : les quatres pattes reposent sur la dalle surélevée, mais les déjections doivent tomber dans le couloir de circulation. « Des séparations latérales disposées toutes les 3 ou 4 places limitent les phénomènes de concurrence à l'auge (une vache dominée se fait expulser par une dominante) et obligent les vaches à reculer droit plutôt qu'à effectuer un demi-tour pour revenir dans le couloir de circulation, ce qui réduit la quantité de déjections dans la zone surélevée. »