Pour nombre d’éleveurs la notion de bien-être animal renvoie à des contraintes pas toujours justifiés, avec en arrière-plan la crainte que des conceptions erronées alourdissent encore une réglementation déjà pesante… De fait les appréciations du grand public pèchent souvent par anthropomorphisme (l'anthropomorphisme consiste à attribuer aux animaux des besoins propres à l’homme). Témoins ces appels récurrents de particuliers ou d’associations qui s'émeuvent que le bétail affronte les rigueurs de l'hiver !
« Il existe de nombreuses définitions du bien-être animal. On peut retenir que c’est une situation d’harmonie entre l’individu et son environnement. Or la réalité diffère toujours de l’idéal. Mais les animaux disposent de moyens d’ajustement. La souffrance n’apparaît que si la différence est trop importante, ou se prolonge. On a alors atteinte des fonctions, pathologies… et cela peut conduire à la mort. » explique Isabelle Veissier, chercheuse à l’I.N.R.A.
Pour mieux cerner les besoins des animaux d’élevage, la zootechnie fait appel à l’ergonomie : la connaissance des différentes postures de repos du veau permet ainsi de mieux dimensionner les cases individuelles. Plus étonnant : on peut aussi demander aux animaux d’exprimer leurs besoins, en utilisant leurs facultés d’apprentissage (allumer ou éteindre la lumière), ou en observant leurs choix préférentiels entre divers revêtements de sols par exemple. L’autre voie utilisée par les scientifiques pour caractériser le bien-être consiste à mesurer l’inconfort. « On peut doser les corticoïdes dans le sang, qui reflètent un état de stress ou encore mesurer les baisses de performances : les réactions de stress sont en effet consommatrices d’énergie et diminuent l’ingestion. Enfin, il faut toujours tenir compte des critères sanitaires, car la souffrance entraîne une diminution des défenses et l’apparition de maladies opportunistes. Et réciproquement, une pathologie provoque des souffrances… »