L'activité sexuelle de l'espèce caprine est très saisonnière : elle se concentre à l’automne, lorsque la durée du jour diminue. La saison naturelle de reproduction débute vers la mi-août et se termine en janvier-février. Cela entraine une forte saisonnalité des disponibilités de lait de chèvre (produit majoritairement au printemps et en été), tandis que la demande du marché est plus importante en hiver.
Les variations saisonnières se manifestent, chez la chèvre, par l’existence d’une période d’anoestrus saisonnier (abscence de chaleurs) et, chez le bouc par une diminution du comportement sexuel, de la production spermatique en quantité et en qualité, entraînant ainsi des baisses plus ou moins importantes de fertilité et de prolificité dans les troupeaux. Ces variations sont reliées aux changements dans la durée de l’éclairement quotidien (photopériode). Les jours courts sont stimulateurs de l’activité sexuelle et les jours longs inhibiteurs. Il n’existe aucune durée du jour constante permettant le maintien d’une activité sexuelle permanente. La maîtrise de l’activité sexuelle n’est possible que par une alternance de jours longs et de jours courts.
Le photopériodisme, c'est à dire le traitement des chèvres et des boucs avec un supplément de lumière artificielle, constitue un des leviers à la disposition des éleveurs pour modifier la répartition de la production laitière au cours de l'année.
Par rapport aux traitements hormonaux (pose d'implants de mélatonine et d'éponges vaginales), le contrôle de la photopériode n'entraine pas de manipulations supplémentaires des animaux. C'est un moyen efficace pour contrôler la reproduction chez la chèvre. De plus, lorsque le traitement lumineux est appliqué en début de lactation, il y généralement augmentation de l’ingestion alimentaire et de la production laitière.
Concrétement, pour induire une activité sexuelle au printemps, il est nécessaire d’appliquer artificiellement une période de jours longs (en fin d’hiver. Cela revient à remplacer un jour long réel par un jour long simulé. L’éclairement est apporté par des dispositifs fournissant au moins 200 lux au niveau des yeux pour les animaux (à titre indicatif, en pleine journée par temps couvert, l'intensité lumineuse est supérieure à 2 000 lux). La conception du luminaire, la couleur des murs et du plafond ont un impact important sur les besoins en éclairage et la consommation électrique. Ainsi plus les murs sont pâles, plus ils réfléchiront la lumière, diminuant ainsi les besoins en éclairage. La présence d'un déflecteur améliore la répartition de l'éclairage.
Les jours courts peuvent être mimés par les jours naturels qui suivent le traitement « jours longs », lorsque ce dernier s'arrête avant la fin février ou la mi mars. En pratique, dans les bâtiments ouverts ou ayant accès à la lumière naturelle, il faut réaliser une aube fixe (éclairage de 6 h à 9 h le matin) puis éclairer la phase photosensible. Ce traitement appelé « Flash » dure deux heures soit de 22 à 24 h.Dans ces conditions, en utilisant des boucs traités de la même façon et utilisés en lutte naturelle, la fertilité et la prolificité sont très proches, voire identiques à celles de la saison sexuelle alors que les femelles sont fécondées en avril/mai.
Le traitement « jours longs » doit durer un minimum de deux mois. Il est actuellement recommandé d'appliquer au moins 75 jours longs. L'introduction du bouc peut se faire entre 35 et 70 jours après le début des « jours courts ». Une meilleure synchronisation semble cependant être obtenue entre 50 et 70 jours. Lorsque l'effet mâle a réussi, le pic de fécondation a lieu entre 5 et 10 et de 20 à 30 jours après l'introduction des boucs.
Afin d'obtenir des mises-bas en octobre, mois où les productions laitières par lactation sont les plus élevées, le programme lumineux sera le suivant (schéma 1) :