« Les boiteries et les problèmes de qualité des onglons sont de plus en plus fréquents dans les élevages porcins, cela induit une augmentation du nombre de truies réformées. Les problèmes sanitaires associés aux troubles locomoteurs s’observent plus souvent dans les systèmes d’élevage sans litière, explique Anita Urbańczyk, master of sciences et responsable technique des ventes du département porcs de la société Biomin . En effet, les sols irréguliers, mouillés et glissants augmentent le risque de lésions et d’infection des pattes. La littérature existante rapporte que les troubles locomoteurs, les boiteries, la parésie et les lésions des onglons représentent environ 8 à 16 % des causes de réforme. Les autres causes principales de réforme sont les troubles de la reproduction (20-30 %), l’âge de la truie (18-40 %) et les baisses de performances de production (2-12 %) (figure 1). »
Figure 1 : principales causes de réforme des truies. |
Cependant, avec la tendance à l’intensification de la production, les problèmes liés aux boiteries deviennent de plus en plus fréquents. Toute boiterie reflète la douleur liée à une lésion (figure 2). Par exemple, l’utilisation d’un sol caillebotis dont l'espacement est inadapté peut provoquer une inflammation si l’animal s'y coince les onglons. Cela peut provoquer des abrasions et des lésions. L’analyse de l’état des onglons et des pattes chez les truies ainsi que du taux de réforme des truies en raison de problèmes locomoteurs reflètent les pratiques et la conduite d’élevage. Ces pratiques ont un impact direct sur l’efficacité de production.
Figure 2. : symptomes de boiteries | ||
• Fissures au niveau de la face pariétale de l'onglon • Érosion du talon • Fissures au niveau du talon • Fissure de la sole • Séparation de la corne • Lésions liées à une croissance excessive de la capsule de l'onglon |
La corne de l'onglon est une annexe cutanée (figure 3) qui sert à protéger les structures internes des phalanges et qui contribue à la dureté ainsi qu’à la flexibilité de celui-ci. La surface relativement petite de la sole doit supporter tout le poids de la truie. La santé des pattes et des onglons est un élément essentiel : elle doit par conséquent être maintenue dans un état optimal afin de limiter les pertes de production.
Figure 3. : structure de la corne de l'onglon |
Dans les systèmes d’élevage avec un sol recouvert de litière, les problèmes rencontrés sont liés à une croissance excessive des onglons, en raison d’une usure insuffisante de la couche cornée. Des onglons trop longs modifient le positionnement des pattes sur le sol, le poids de l’animal se déplaçant alors vers l'arrière de la sole à la partie molle du talon. Ce phénomène entraîne des lésions du talon, souvent suivies de problèmes inflammatoires. La corne de l'onglon doit être dure et la sole souple. Si le sol du bâtiment est recouvert de litière, il est important de veiller au degré d’humidité de celle-ci. En présence d’une litière trop humide, le sabot peut se ramollir. Il retrouvera sa dureté lorsque l’animal sera à nouveau sur une surface sèche. Il convient toutefois de noter qu’il perd son élasticité antérieure et peut alors se fissurer, ce qui prédispose l’animal à des infections.
Comme le suggère la dernière proposition énoncée figure 4, une ration correctement formulée, bien équilibrée, répondant aux besoins des truies et présentant la teneur adaptée en nutriments essentiels, vitamines, minéraux et oligo-éléments, est indispensable à la bonne croissance et au fonctionnement optimal des pattes et des onglons. Les oligo-éléments (ex : cuivre, fer, manganèse, zinc, molybdène, chrome, fluor, silicone et sélénium) doivent faire l’objet d’une attention particulière car ils jouent un rôle essentiel au bon fonctionnement de l’organisme. Ils sont étroitement liés au développement de la corne des onglons, à l’ossification et à la croissance des membres.
Une carence ou un excès peuvent avoir des effets négatifs sur les truies. Le cuivre et le manganèse se retrouvent dans de nombreuses enzymes, ils interviennent également dans le processus de reproduction et contribuent au développement osseux. Un excès de cuivre peut altérer le fonctionnement du foie et des muscles entraînant certains symptômes comme une diminution de la croissance, un mauvais poil et des troubles neurologiques en fonction du niveau d’intoxication. Le zinc joue également un rôle important dans l’ossification et la croissance saine de la corne des onglons. Une carence en zinc se manifeste par une fragilisation de la corne, des changements de couleur et une kératinisation cutanée. Au contraire, un excès de zinc entraîne une baisse de l’appétit et des arthrites. Ces exemples illustrent l’importance d’une alimentation présentant une teneur en oligo-éléments adaptée aux besoins des animaux, et ce, à chaque stade de production.
Au moment de formuler et d’équilibrer la ration, il convient de tenir compte des effets antagonistes entre les différents oligo-éléments. Par exemple entre le fer et le manganèse ou entre le fer, le cuivre et le zinc. Une réduction des niveaux de fer et de manganèse doit s’accompagner d’une baisse de la quantité de cuivre et de zinc, conformément aux besoins de l’animal. La ration doit ainsi contenir les oligo-éléments requis en quantité optimale, sous la forme la plus disponible possible, sans pression excessive sur l’organisme.
De nombreuses données indiquent que les chélates, formes organiques des oligo-éléments, présentent la meilleure biodisponibilité. L’administration de chélates permet à l’animal d’ingérer la quantité requise d’un composé bien précis, tout en éliminant l’excès avec une partie inactive du chélate. L’ajout d’oligo-éléments sous forme organique dans l’alimentation des truies permet une augmentation significative des paramètres zootechniques, ainsi qu’une amélioration visible de la qualité des onglons et des pattes. Il est par conséquent utile d’introduire des suppléments contenant des composés chélatés dans la ration des truies. Ces produits sont à ajouter à l’aliment distribué aux animaux.
Les vitamines et les minéraux utilisés dans les rations de base doivent apporter aux animaux tous les éléments nécessaires à leurs besoins. Le recours à une autre supplémentation doit être justifié et doit permettre de résoudre des problèmes déjà existants. Les produits spécifiques contenant les éléments souhaités sont à administrer pendant une durée bien précise, sur trois ou quatre mois par exemple, et non en continu. En suivant les règles de base en matière de bien-être, d’hygiène, de pratiques et de conduite d’élevage, il est bien souvent possible d’éviter les coûts supplémentaires liés aux problèmes de lésions au niveau des pattes ou des onglons. Certains facteurs prédisposants peuvent être éliminés à l’avance, contribuant ainsi à l’obtention de meilleures performances et évitant les pertes éventuelles qui pourraient survenir au cours du cycle de production.
Figure 4. : Sept règles de base qui contribuent à l’état de santé des pattes et des onglons. |
1. Maintenir et contrôler la qualité du sol dans les bâtiments. Retirer les bords coupants (les limer si nécessaire). Veiller à vérifier l’espacement des caillebotis. Veiller à ce que les zones de repos soient propres et sèches afin de maintenir un sol non glissant. |
2. Minimiser les conflits sociaux et hiérarchiques. Introduire des pratiques d’élevage qui évitent les conflits hiérarchiques. Prévoir suffisamment d’espace dans les enclos et d’espace libre en fonction de la densité. |
3. Intégrer les cochettes prêtes pour la reproduction. |
4. Respecter des procédures de nettoyage et de désinfection. |
5. Prévoir une zone infirmerie pour les truies malades. Nettoyer et désinfecter les zones qui abritent les truies malades, désinfecter les plaies. Faire des pédiluves de sulfate de cuivre. |
6. Parer correctement les onglons. |
7. Adapter la ration aux besoins physiologiques des truies. Si nécessaire, une supplémentation peut être mise en place. |